dimanche 31 octobre 2010

Vivre au soleil

Un titre qui fait rêver pour parler aujourd'hui d'une réalité pas vraiment toute rose : les problèmes d'immigration et d'intégration.

Hier au campus de Komaba ( donc juste à côté de chez moi), ils faisaient une conférence sur ce sujet. Ca tombait très bien, car il faisait un temps idyllique pour aller s'enfermer dans un amphi pendant deux heures... Parmi les thèmes abordés, deux m'intéressaient tout particulièrement.

D'abord, le thème des "Zainichi".
"Zainichi", en japonais ça s'écrit : 在日

在 ZAI : vivre, résider
日    NICHI : le soleil

"Zainichi" signifie donc littéralement "vivre au soleil". Bon, c'est très bien vous allez me dire, qui peut se plaindre de ça? Attendez donc un peu la suite.

L'idéogramme "日" (NICHI : soleil ), est en fait une abbréviation courante pour désigner le Japon.

Japon se dit en effet "Nihon" et s'écrit 日本
日 NICHI (raccourci ici en "NI") : le soleil
本    HON : l'origine

Littéralement "Nihon" signifie donc "origine du soleil",  ou le fameux "pays du soleil levant" si vous préférez.
Les "Zainichi" ne sont donc pas les personnes habitant au soleil, mais les personnes habitant au Japon ( sous-entendu, sans posséder la nationalité japonaise). Au sens strict, je suis donc moi aussi un zainichi, mais quand on parle des "zainichi", on désigne le plus souvent une communauté bien particulière.

Avant la seconde guerre mondiale, la Corée était une colonie japonaise et de nombreux Coréens ont migré vers l'archipel japonais. Avec la fin de la seconde guerre mondiale, le Japon a finalement perdu toutes ses possessions continentales, mais des milliers de Coréens sont restés sur le territoire japonais. La guerre de Corée, puis la séparation politique de leur pays avec le début de la guerre froide, les ayant empêché de rentrer chez eux.

Aujourd'hui, il existe donc des descendants de troisième ou de quatrième génération de ces Coréens restés bloqués au Japon. La plupart d'entre eux ne possèdent pas la nationalité japonaise, ayant conservé leur nationalité coréenne. Cependant parmi les jeunes générations, la plupart des zainichi ne savent parler que le japonais. La question posée lors de la conférence était donc "Pourquoi les zainichi sont-ils encore zainichi?". Pourquoi le Japon n'est il pas parvenu à faire des citoyens japonais à part entière de ces immigrés culturellement si proches? C'est vrai que dans un pays comme la France, où le fait de ne pas avoir un seul ancêtre d'origine étrangère est presque l'exception, ce genre de problème peut sembler complètement invraisemblable. Mais c'est pourtant bien le genre de questions qui peut se poser dans un pays  comme le Japon, qui a traditionnellement accueilli peu d'immigrants.

Deuxième thème abordé : la politique du gouvernement Sarkozy à l'égard des Roms.

Ben ouais, il a réussi à faire parler de lui jusque dans les lointaines contrées extrême-orientales... Ca m'intéressait beaucoup d'entendre ce qu'un Japonais avait à dire à ce sujet. Malheureusement le temps donné à chaque présentation était assez limité ( 30 minutes) et il n y a eu du temps que pour un résumé des différents épisodes du feuilleton rom de l'été : Sarkozy contre l'Union européenne, Sarkozy contre le Vatican, Sarkozy s'embrouille avec Merkel, l'affaire de la directive du ministère de l'intérieur ciblant specifiquement les Roms...

Voilà, je vous bassine pas plus avec ça, je pense que vous en avez suffisamment entendu parler à la radio ou aux infos. Sachez juste que nous avons eu l'immense honneur de faire l'objet d'une conférence à Tokyo, et que même au Japon l'image de la patrie des droits de l'homme a visiblement pris un sacré coup.

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