jeudi 28 avril 2011

L'après.

Un mois et demi après, que reste-t-il du séisme du 11 mars?

Je ne peux pas dire rien, ça serait complètement oublier la situation dramatique dans laquelle vivent toujours des centaines de milliers d'individus dans le nord du Japon. Mais tout de même, pour ce qui est de Tokyo, à vivre dans cette ville on a du mal à croire que le Japon vient tout juste de connaître sa crise la plus grave depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Les répliques sismisques se sont calmées ces derniers temps, si bien que la ville semble avoir bien repris son rythme normal. Bien sûr il est encore beaucoup question de la catastrophe et de ses conséquences dans les médias, mais il semblerait que les Japonais aient commencé à prendre un peu de recul.

Le seul changement durable qui m'ait vraiment marqué, c'est l'apparition de deux nouvelles cartes dans tous les JT météo du pays. Chaque jour après les prévisions météo nationales, il y a d'abord la carte détaillée des prévisions pour les préfectures de Miyagi et de Iwate, les plus durement touchées par le tsunami. Ensuite la deuxième nouveauté, c'est la carte indiquant le sens des vents autour de la centrale de Fukushima. Il n y a donc guère que la météo pour nous rappeler que de nombreux  Japonais vivent encore un calvaire au jour le jour...

Beaucoup des reportages que l'on peut voir à la télévision sont résolument tournés vers l'après. Comment le Japon va-t-il faire pour parvenir à se sortir de cette crise sans précédent, et à retrouver sa place dans le monde? Il est sûr que l'influence de cette crise dans les mentalités sera de très longue durée, et le gouvernement japonais essaye en ce moment de tout faire pour se débarasser de cette image de centrale fumante, à laquelle la catastrophe du mois dernier l'a réduit.

L'autre jour, ils ont par exemple montré un reportage sur certaines stratégies employées pour faire revenir les touristes étrangers au Japon. Avec l'aide de financements publics, certaines agences proposent ainsi des voyages à prix cassés, mais qui comportent pour les voyageurs une contrepartie originale : l'obligation de publier les photos de leur voyage sur internet, par le biais de blogs ou de facebook. Après tout, qui de mieux pour faire revenir les étrangers au Japon que les étrangers eux-mêmes? Pour l'instant cette stratégie touristique n'a été essayé qu'avec des voyageurs coréens, mais vous feriez mieux de vous renseigner, au cas où ils auraient l'idée d'élargir ça à la France...

En tout cas je suis content de savoir que  par le biais de ce blog, je contribue donc un peu moi aussi à l'effort national. Et donc si jamais les photos de sakura que j'ai publiées ces derniers temps vous ont donné envie de réserver vos billets pour le Japon, et bien n'attendez plus!

dimanche 24 avril 2011

Tout le monde s'en fout...

J'avais dit que j'en avais terminé avec les photos de cerisiers, mais je dois faire un dernier petit article pour rendre hommage à un genre de cerisiers bien particulier.


Les "yae zakura", qui parce qu'elles sont trop belles et trop voyantes, n'ont pas réussi à trouver leur place dans le coeur des Japonais.

"Yae"  signifie littéralement "huit feuilles". En fait les yaezakura n'ont pas nécessairement huit feuilles, mais c'est le terme généralement employé pour désigner les fleurs de cerisiers possédant plus de cinq feuilles.

Je ne sais pas si vous avez eu l'oeil suffisament observateur pour remarquer ça sur les photos précédentes, mais les fleurs de cerisier comme les aiment les Japonais comportent normalement cinq feuilles.

Le motif de la fleur de cerisier à cinq feuilles est utilisé un peu partout et jusque sur les bouches d'égout.

Pourquoi se limiter à cinq feuilles, alors que plus il y a de pétales plus c'est joli?

Ca c'est tout le mystère de l'esthétique japonaise. Il faut que ça soit beau, mais que ça reste relativement simple et discret. Huit feuilles et plus, c'est beaucoup trop tape-à-l'oeil. Ca fait vraiment le cerisier bling bling qui dit "Moi, moi, moi, moi!". Alors que pour les Japonais, toute la beauté du cerisier réside surtout dans son côté fragile et éphémère. Juste cinq petites pétales, qui ne sont là que pour quelque temps avant de s'envoler au moindre coup de vent...

Comme nous n'avons pas en France l'obsession des cerisiers à cinq pétales, il me semble que la plupart des cerisiers que nous pouvons voir par chez nous sont ces "Yaezakura" que les Japonais aiment tant à bouder.

Les cerisiers bling bling résistent mieux, et arborent fièrement leurs fleurs pendant très longtemps. Mais du coup ils n'intéressent personne. 
Cette esthétique de la simplicité, c'est quelque chose que l'on retrouve partout dans l'art et dans la culture du Japon. A Kyoto par exemple, il y a le Kinkakuji ( pavillon d'or) et le Ginkakuji ( pavillon d'argent).

Le pavillon d'or :


Le pavillon d'argent :

Si le pavillon d'or semble pouvoir mériter à peu près son nom, on ne peut pas en dire autant du pavillon d'argent... En fait le pavillon d'argent devait à origine être recouvert d'argent, mais les travaux n'ont jamais pu aboutir car la guerre a éclaté à ce moment là. Finalement, même une fois la situation rétablie, ils ont trouvé que le pavillon d'argent était pas mal non plus comme ça, et rien n'a été fait pour reprendre les travaux là où ils avaient été interrompus.

C'est donc de très peu que le pavillon d'argent a échappé au bling bling. Beaucoup de Japonais considèrent que par sa simplicité et par son raffinement, il est plus élégant que le pavillon d'or. Je vous laisse vous faire votre propre avis là-dessus...

Pour en revenir à nos cerisiers, même si les yaezakura ont eu l'outrecuidance de ne pas respecter les règles de l'esthétique japonaise, ils restent très beaux quand même. Je devais donc consacrer un petit article à ces oubliés.

jeudi 21 avril 2011

Décision, sécu et négociation.

J'ai à peu près décidé l'ensemble des cours auxquels je vais participer ce semestre. Il reste encore quelques hésitations, mais il me reste une semaine pour annuler mon inscription à certains cours.

Le plus gros doute concerne le cours du mardi à 10h30, sur "la décision politique". Je suis le seul étranger visible ( comprendre non asiatique) dans la classe, du coup le professeur a pris une fâcheuse manie de me poser tout un tas de questions... Je ne sais pas très bien si c'est qu'il est vraiment content de ma présence, où s'il espère me faire désister ainsi. En tout cas si je prépare chaque séance de manière à être bien calé sur chaque question que pourrait me poser le prof, c'est sûr que je vais en apprendre des choses. Le problème, c'est que je suis pas vraiment certain de vouloir en apprendre autant.

Il y a beaucoup de théorie dans le cours, et je me noye souvent parmi les nombreuses définitions données par le professeur. Mais jusqu'à présent il y a toujours eu des éclaircissements sur les problèmes politiques auxquels sont confrontés les décideurs politiques actuels. A la séance dernière, il a été question des critères que devait retenir l'administration pour l'indemnisation des victimes du séisme et du tsunami. La logique la plus basique voudrait que les familles comptant le plus de défunts soient plus indemnisées. Mais il ne faut pas oublier que la perte d'un seul individu constitue déjà un lourd fardeau, qui pèse d'autant plus lourd qu'il y a de membres restants dans la famille... C'est un macabre calcul qui consiste donc à transposer en une somme d'argent une perte censée irremplaçable, mais qui reste inévitable dans le but d'apporter une aide nécessaire.

Un peu plus de légèreté avec la sécu ( même si les problèmes sont sans doute pas si éloignés). Je me suis inscrit à un cours qui consiste à lire en français des textes consacrés au système de sécurité sociale français. Le système français est généralement considéré à l'étranger comme un modèle, et il est beaucoup étudié au Japon aussi. J'ai donc pensé que ce cours me permettrait sûrement de savoir ce que le modèle français avait de si extraordinaire pour les Japonais, tout en en apprenant plus sur le fonctionnement de la sécu au Japon. On parle souvent du système japonais comme intermédiaire entre la France et les Etats-Unis, mais je vous en dirai plus d'ici 3 mois...

Après j'ai un cours intitulé "négociation et accord", qui consiste à apprendre des techniques pour bien négocier et se mettre d'accord ( sans blague!!). C'est assez sympa, on a des sortes de jeux de rôles de négociations dans divers contextes ( par exemple la semaine dernière : vente d'un terrain), et on essaie d'appliquer à chaque fois les méthodes apprises en cours. C'est donc un cours exigent qui demande beaucoup de participation et de travail personnel, mais ça a l'air d'en valoir la peine. Et puis peut-être qui si je n'arrive pas à valider ce cours, on pourra toujours négocier...

Voilà, il y a d'autres cours bien sûr mais j'en parlerai une prochaine fois.

mardi 19 avril 2011

Fonds de tiroirs.

Je vous montre quelques restes de sakuras et après c'est promis on passe à autre chose....








samedi 16 avril 2011

Les deux tours.

Il existe deux points culminants dans la forêt urbaine de Tokyo.

 Le premier, la tour de Tokyo. Bâtie après la fin de la seconde guerre mondiale, elle est restée pour beaucoup le symbole de l'essor du Japon, qui était alors en voie de devenir la seconde puissance économique mondiale.

 La Tour de Tokyo porte aujourd'hui les séquelles du séisme du 11 mars. Les secousses ont en effet été telles qu'elles ont légèrement fait s'incliner le bout de la tour. Comme si la nature cherchait à montrer qu'elle peut à tout moment reprendre ses droits sur nos fragiles et arrogantes constructions.

Nous autres êtres humains ne sommes donc que d'infimes petites choses. La leçon aurait sûrement été bien retenue, si il n y avait pas à quelques kilomètres au nord de la Tokyo Tower une seconde tour :

 La Tokyo Sky Tree, en construction depuis 2008, et qui a atteint sa hauteur maximale de 634 mètres le mois dernier.

Apparemment la tour n'est pas encore tout à fait achevée, mais pour l'instant le sommet a vraiment l'air d'un château de cartes. Comme si arrivés à un certain point, les travailleurs fatigués s'étaient simplement mis à empiler tout ce qu'ils avaient sous la main pour rajouter une centaine de mètres. On se demande comment cela peut bien tenir debout, et surtout comment la tour a pu résister aux séismes à répétitions de ces derniers temps.

 Pourtant malgré son aspect vertigineux et hasardeux, la tour a bien tenue.

 La construction semble se poursuivre tout à fait normalement. Même si j'imagine que les répliques sismiques doivent venir perturber les travaux de manière assez importante...


 Une très grande tour, devenue quasi inmanquable dans le paysage tokyoïte.

La Tokyo Sky Tree devrait pouvoir être inaugurée d'ici un an. Ses concepteurs avaient espéré qu'elle devienne, comme l'a été la tour de Tokyo, le symbole de l'entrée du Japon dans une nouvelle ère. Ce souhait prend une dimension radicalement différente avec les évènements du mois dernier. 2011 marquera  à coup sûr l'entrée du Japon dans une nouvelle ère, faite pour le moment de beaucoup d'angoisse et d'incertitude. Mais la Tokyo Sky Tree est là pour nous rappeler que les Japonais sont et seront toujours maîtres de leur destin.

mardi 12 avril 2011

Le plus puissant de tous les réveils.

Réveil rock n' roll ce matin, avec un séisme qui est venu me tirer de mon sommeil à 8h18. Ca fait la troisième réplique sismique importante en moins de 24 heures... Cette fois-ci la magnitude était moins importante, mais l'épicentre se trouvait plus près de Tokyo, au large de la préfecture de Chiba.

En tout cas, même si la terre ne cesse de trembler ces derniers temps, ma volonté de rester ici quant-à elle ne vacille toujours pas. Il faut sans doute s'attendre à d'autres séismes dans les jours qui viennent, mais c'est tout, il faut faire avec.

Bon allez, pour se changer les idées, voici quelques nouvelles photos prises aujourd'hui des cerisiers en fleurs.











Tant qu'il reste autant de beauté au Japon, pas question de désespérer.

lundi 11 avril 2011

Première cause d'abstention au Japon.

Savez-vous que les Japonais avaient eux aussi leurs élections cantonales ce week-end? (enfin préfectorales pour être précis; au Japon les préfets sont élus au suffrage universel direct). Si votre seule source d'information sur le Japon est la presse française, probablement pas. A part la radioactivité et les répliques sismiques, j'imagine que l'on y lit pas grand chose d'autre sur le Japon en ce moment.

Pour utiliser la formule consacrée lors de ce genre d'élections en France, "la grande gagnante, c'était l'abstention." Plus de 50% des électeurs ne se sont pas déplacés vers les urnes ce dimanche. A votre avis, quelle pouvait être la raison d'une telle abstention?

-La peur de sortir de chez soi à cause de la radioactivité?

-La sortie du nouveau film de Dany Boon?

Non, à mon avis si les Japonais ne sont pas allés voter ce dimanche, c'est surtout parce que....
dimanche était le jour de floraison maximale des cerisiers! Autant dire que dans un pays qui accorde une telle importance au passage des saisons, une petite élection ne pouvait même pas faire le poids...


A la gare de Shibuya.
L'étang Shinobazu, tout près de mon université.


 Pas de panique, il ne s'agit pas d'une fuite radioactive de Fukushima, mais d'un torrent de pétales de cérisier...


Voilà, sinon aujourd'hui il y a eu deux répliques sismiques assez importantes. Je sais pas comment ils en ont parlé dans la presse française, mais tout va bien donc pas de panique, hein.