mardi 26 octobre 2010

Le panneau bleu qui m'a trahi

L'histoire que j'ai à vous raconter aujourd'hui est particulièrement triste. Ames sensibles, s'abstenir. Une histoire de confiance aveugle et de froide trahison, comme il en existe malheureusement trop dans notre bas monde.
Comme vous le savez peut-être, j'emprunte tous les matins la gare de Yoyogi-uehara pour me rendre à l'université. Autour de la gare, ils existe de nombreux endroits où poser son vélo,  mais qui reviennent généralement assez chers, si on envisage de les utiliser quotidiennement... Sauf que j'avais repéré depuis un certain temps un emplacement avec un panneau bleu où figurait en gros l'idéogramme "学".

"学", c'est l'idéogramme signifiant "études". J'ai donc pensé tout logiquement qu'il s'agissait d'un emplacement réservé aux étudiants, et je me réjouissais déjà à l'idée de pouvoir l'utiliser tous les matins. A chaque fois que je le voyais ce signe "学", il restait imprimé sur ma rétine, brillant comme une véritable promesse... Aucune méfiance, je n'avais d'yeux que pour ce bleu si apaisant, auquel j'avais le sentiment de pouvoir me confier sans crainte. Si seulement j'avais pu voir le coup fumeux qui se tramait là-dessous...

Hier je me suis enfin procuré le vélo qui, dans ma tête, allait avec le panneau bleu. Et comme je n'avais pas cours ce matin, aujourd'hui en me levant je n'avais qu'une hâte; aller à la mairie d'arrondissement pour obtenir un bel autocollant m'autorisant à utiliser l'emplacement réservé aux étudiants. Mais voilà, la réalité n'est malheureusement pas si douce. Et les panneaux bleus, malgré tous les monts et merveilles qu'ils nous font miroiter, ne sont parfois que de vils traitres.

Quelle ne fut pas ma surprise ce matin quand je suis arrivé à la mairie d'arrondissement. Adieu veau, vache, cochon...! J'apprends stupéfait que les étudiants à l'université ne font pas partie de ceux que le panneau bleu "学" veut bien accueillir sous son aile protectrice. Cela concerne seulement les petits collégiens et les petits lycéens. Tous les autres sont invités à se débrouiller comme ils le peuvent...

Du coup, je ne pense pas que je vais faire le trajet à vélo depuis ma résidence jusqu'à la gare. Si je ne veux pas payer mon emplacement, il y a toujours la possibilié de déposer mon vélo quelque part à la sauvage. Mais cela comporte de nombreux risques. Etant donné qu'au Japon chaque vélo comporte un numéro permettant d'en identifier directement le propriétaire, je ne voudrais pas être répertorié dans les commissariats tokyoïtes comme un dangereux anarchiste, qui dépose son vélo n'importe où.

Bon bien sûr l'investissement que j'ai fait dans le vélo n'est pas perdu, mais c'est sûr que le fait de ne pas pouvoir l'utiliser dans mon trajet quotidien en divise par deux l'utilité... Enfin, pas grave, je suis sûr que mon vélo et moi, nous parviendrons à surmonter cette épreuve! Et nous en ressortirons grandis, pour vivre ensemble des aventures extraordinaires!

Moralité : Méfiez-vous des panneaux bleus.

2 commentaires:

  1. C'est quand même un autre monde, quand tu parles des risques à déposer ton vélo "à la sauvage", tu n'évoques même pas celui de te le faire tirer...

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  2. merci, grace à ce post, je vais pas pouvoir dormir, même si t'avais prévenu, j'ai pas pu m'empecher de lire jusqu'au bout.
    il faut que tu lances une grève, fais ton Français, ce n'est pas normal !! en plus avec tout ca tu décrochera peut être le rôle de Bernard Thibault.

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