samedi 16 octobre 2010

C'est moi qui m'y colle!

Aujourd'hui a été une journée décisive : j'ai finalement rendu la liste des cours auxquels je vais m'inscrire pour ce semestre.

En tout, ça fait 7 cours, dont un auquel j'assiste simplement en auditeur libre ( celui sur la diplomatie française, à Komba). Je pense que c'est largement suffisant, surtout que les profs nous donnent pas mal de lectures à faire en japonais. En particulier dans les premières séances, on a pas mal de livres à la "que sais-je?" à lire pour assimiler les bases de chaque sujet. Pour les Japonais, ce sont des lectures simples et rapides, mais pour moi, ça prend quand même un peu plus de temps…
Et à peine l'inscription aux cours terminée, je me retrouve déjà avec mon premier gros travail à rendre, dans mon cours de politique comparée entre la France et le Japon. Les deux premières séances sont consacrées à une brève présentation des deux systèmes. Hier, c'était la séance sur le Japon. On avait un livre à lire et un élève était chargé de faire un commentaire oral sur sa lecture. La semaine prochaine sera consacrée au système français. Sauf que l'élève qui était chargé de faire la présentation de la semaine prochaine s'étant finalement désisté du cours, il a fallu trouver un remplaçant. Le prof n'a pas hésité très longtemps avant de me demander :"Ben tiens, toi comme t'es Français tu veux pas t'en charger?".

Et voilà comment je me retrouve avec ma première présentation orale à faire pour la semaine prochaine... Il suffit pas de lire le livre et d'en faire un résumé, il va aussi falloir apporter sa touche personnelle et aussi savoir prendre pas mal de recul.

De ce point de vue, le cours d'hier sur la politique japonaise était vraiment fascinant. Même si après la seconde guerre mondiale, le Japon a adopté un régime démocratique inspiré du modèle britannique, la démocratie japonaise est loin d’être parfaite : Ce n’est que très récemment (2009), que le Japon a enfin connu l’alternance politique. De 1955 à 2009, le Parti Libéral Démocrate (PLD) a régné quasiment sans partage, confondant ses propres institutions avec celles de l’Etat.

Pendant plus d’un demi-siècle, le PLD ayant été systématiquement reconduit au pouvoir, les Japonais ont peu à peu perdu la conscience des hommes politiques comme les représentants de la volonté du peuple. La politique japonaise s’est ainsi peu à peu bureaucratisée, à tel point qu’il existait au sein du PLD un véritable système d’avancement à l’ancienneté, permettant à chaque parlementaire de la majorité d’occuper chacun son tour un poste ministériel. Le pays a donc été continuellement gouverné par une bande de vieux croutons, incapables d’imposer leur volonté à l’administration, qu’ils sont pourtant censés avoir sous leur contrôle.

Car parallèlement à la bureaucratisation des hommes politiques, une autre particularité de la politique japonaise, c’est la politisation de l’administration. Apparemment au Japon, l’image de l’administration est légèrement différente de celle que les gens ont en France. L’administration y serait moins « déconnectée », un peu plus présent sur le terrain, et plus à l’écoute des réclamations des citoyens. Je n’ai pas encore étudié le système, donc pardonnez la formulation un peu vague…  Toujours est-il qu’au Japon il existerait un système un peu plus performant, par le biais duquel les réclamations de la population circuleraient très bien depuis la base jusque dans les plus hautes sphères ministérielles, pour ensuite être traduites en politiques concrètes.

Donc la grande question : dans un pays où la bureaucratie est si performante, à quoi servent les politiques ? Après tout si le système s’est fossilisé d’une telle manière que c’est toujours le même parti qui reste en permanence au pouvoir, et les mêmes vieux croutons dont la seule obsession est leur avancement dans la hiérarchie, est-ce qu’une bureaucratie bien à l’écoute des citoyens ne serait pas une représentante plus légitime de la volonté du peuple ?

Vous pouvez sans doute l’imaginer, lorsque le Japon a enfin connu l’alternance en 2009, les slogans à la « yes we can ! » ont fleuri de partout. Seulement après plus d’un an de gouvernement par l’opposition, est-ce que les choses ont vraiment changé ? Est-ce que les choses peuvent vraiment changer ?

On a vu resurgir les mêmes problèmes, les mêmes démissions de premier ministre au bout d’à peine un an pour cause de multiples scandales…
Dans le modèle démocratique de base, chaque ministre a à sa disposition un ministère, afin de mettre en œuvre une politique gouvernementale définie dans un programme. Sauf que dans le cas du Japon, la longue permanence au pouvoir du PLD a conduit les ministres à se considérer non pas comme les initiateurs d’une politique gouvernementale, mais comme les simples porte-paroles de leurs ministères respectifs. Difficile de dire si le changement de couleur politique peut vraiment changer quoi que ce soit à cette longue tradition…

Au fond une véritable démocratie c’est peut-être un peu comme l’apparition de la vie sur une planète. Pour que ça fonctionne très bien, il faut qu’un nombre incalculable de conditions soient remplies, et les probabilités sont vraiment minimes… Du coup pour que l’Etat marche quand même, des phénomènes de bureaucratisation sont sans doute inévitables. Si le miracle de la démocratie ne peut pas être entièrement accompli, vouloir tout remplacer partout par la stricte volonté populaire, c’est peut-être le risque de courir à la catastrophe…

Je laisse ici mes interrogations. Désolé si jamais j’en ai perdu quelques uns en cours de route, mais en tout cas vous aurez sans doute compris que je trouve ce cours très stimulant.

2 commentaires:

  1. Lucas, président !!!
    Lucas, président !!!
    Yes we can !!!

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  2. Ouais, Lucas président ! Mais de la France hein, pas du Japon !
    Article intéressant en tout cas, on apprend bien des choses

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