mardi 4 janvier 2011

Légumes secs, bambous et crevettes.

Après l'ascencion du mont Takao, je continue dans la série nouvel an à la japonaise.

Pour la journée du 1er janvier Saki nous a invité chez elle, avec toute sa famille. Comme ça j'ai pu voir exactement comment se déroulait un nouvel an à la japonaise, pour la première fois de ma vie.


Super accueil de la famille de Saki. On avait chacun notre étui personnalisé pour les baguettes, avec notre prénom marqué dessus. Pour moi "瑠加", qui se lit "Ruka", c'est la transcription japonaise de mon prénom. ( petite précision : il paraît que la nappe sur la table vient de Provence, au cas où vous vous demandiez de quelle région du Japon elle pouvait venir...)

Je reviens à mon sujet avec une petite leçon de japonais (ben ouais) : le japonais possède 3 systèmes d'écriture. Deux alphabets comportant une cinquantaine de signes chacun, et des idéogrammes, les kanji, qui sont au nombre de plus de 2000.

Les alphabets ne transcrivent qu'un son, alors que pour les kanji chaque signe possède un son et un sens particulier. La majorité des Japonais écrivent leur nom en idéogrammes, mais pour les étrangers il est plus courant d'écrire son nom phonétiquement, en utilisant l'alphabet japonais.

D'habitude, j'écris donc toujours mon prénom de manière phonétique. "Ruka" donne donc en alphabet japonais "ルカ". Mais pour le nouvel an, il fallait quelque chose d'un peu plus classe.  Le père de Saki, très doué en calligraphie, a donc trouvé un moyen de l'écrire en idéogrammes.

Pour le son "ru", le kanji "瑠", très peu utilisé mais que l'on trouve dans le mot pour "lapis lazuli". Donc quand on voit ce kanji, ça renvoye à cette couleur :


Pour le "ka" de "Ruka", le kanji "加", qui signifie "ajouter", ou "apporter".

Donc "瑠加" ça donne en gros "la personne qui apporte de la couleur lapis lazuli". C'est vrai que la traduction fait un peu bizarre... En fait dans les prénoms, plutôt que le sens tout est vraiment histoire de l'impression donnée par tel ou tel kanji. Ce qui est quasiment impossible à retranscrire par de vrais mots et de vraies phrases. En tout cas ça me plait beaucoup cette façon d'écrire mon prénom. Dommage que pour les documents administratifs je sois dans l'obligation de continuer à utiliser la transcription phonétique uniquement...


 Repas de nouvel an à la japonaise, avec les traditionnels "osechi". Comme les nouilles du passage à la nouvelle année dont je vous ai parlé hier, rien n'est laissé au hasard dans un repas du nouvel an, et chaque "osechi" est doté d'un sens.
Pour ne citer que quelques exemples dans la photo ci-dessus :

-dans la petite coupelle au milieu il y a des petits légumes secs noirs que l'on appelle en japonais "mame". "mame" à la même prononciation que l'adjectif signifiant "assidu" ou "diligent".  Manger les "mame" est donc censé apporter de l'assiduité au travail pour toute l'année 2011.

-tout en bas à droite, l'aliment jaune doré est censé apporter, de par sa couleur, la prospérité.



                      
 Ici on trouve entre autres du bambou. Comme le bambou est une plante qui grandit très vite, elle symbolise la croissance et le dévoleppement...



 Pour finir je vous présente mon petit préféré : la langouste ( mais ça marche aussi avec les crevettes ). Comme les langoustes et les crevettes sont des animaux tout fripés, ils sont symboles de vieillesse. Moralité : mangez des crevettes pour vivre vieux.

Voilà pour ce qui ne constitue qu'un bref aperçu de toute la signification qui se cache derrière le repas du nouvel an traditionnel. C'est la première fois que j'ai appris autant de choses de mon assiette... C'était à la fois intéressant et succulent. Un bonheur.

Après le repas nous nous sommes essayés à une séance de calligraphie pour écrire les traditionnels voeux pour la nouvelle année ( version plus artistique de nos bonnes résolutions). Ca faisait plaisir de retoucher à un pinceau à calligraphie, ça faisait longtemps. Mais tellement longtemps en fait que j'ai un peu honte de montrer le résultat sur ce blog. Faudrait vraiment que je m'y remette, à la calligraphie.

 En fin de journée, petite promenade digestive dans le parc de Senzoku-ike. Ouah, déjà trois mois que j'ai fait le tour de cet étang pour la première fois...
Au retour à la maison (même si c'est pas chez moi, mais on se sent tellement bien chez Saki), c'est shabu-shabu pour le dîner. Ces fines tranches de viande que l'on plonge dans l'eau bouillante, c'était vraiment un pur régal...

Merci encore Saki et toute ta famille pour nous avoir fait découvrir ce nouvel an japonais. Et bonne chance pour la dernière ligne droite!

3 commentaires:

  1. quel festin, comme à mon habitude je vais essayer de transposer ça à nos coutumes locales.
    alors les huitres à l'aspect ca peut peut être prémunir du rhume, le boudin blanc, annonce une année sexuellement riche, je laisse les autres lecteurs compléter ce petit comparatif, à votre imagination

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  2. Ben si Ruka signifie "celui qui apporte cette couleur bleuâtre" c'est que le foie gras qu'on t'a envoyé pour offrir aux parents de Saki n'a pas supporté le voyage...

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  3. Le foie gras c'était pour Noël chez l'autre Saki en fait, uhuh. Je pouvais malheureusement pas apporter les huitres de France pour le nouvel an. Pour le coup ça aurait vraiment donné lieu à de belles couleurs...

    C'est malin en tout cas cette explication avec le foie gras. Dire que j'avais enfin trouvé une bonne façon d'écrire mon prénom, maintenant je vais pas arrêter de penser à ton interprétation.

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