mardi 28 septembre 2010

Le Nooooord....

Finalement j’ai trouvé un peu de temps pour écrire la première partie de mon voyage à Sendai !
Et je commence par une présentation de la méga-star de Sendai, de son Jojo national : Masamune Date ( prononcer Massamouné Daté ). Masamune Date est un puissant seigneur qui a fondé au XVII ème siècle la ville de Sendai, dont il est absolument indissociable.
Son signe distinctif, c’est le casque avec une espèce de banane dessus.
Aujourd’hui, la banane de Masamune Date est devenue un vrai symbole de la ville, que l’on retrouve partout :



Vous l’aurez compris, l’ombre de Date Masamune est donc présente absolument partout dans Sendai…

Pour comprendre l’histoire de Masamune Date et de sa ville de Sendai, il faut partir de l’histoire du Japon, et d’une date facile à retenir : 1600.
Chez nous on a « 1515 : Marignan ! », chez les Japonais c’est « 1600 : Sekigahara ! ».
Je vous plante le décor : Le Japon est sur le point de sortir d’une guerre civile d’environ 150 ans, au cours de laquelle le pouvoir central a été réduit à néant, et les seigneurs locaux, qui ont découpé le pays en plein de petits morceaux, se livrent à des luttes intestinales incessantes.
Un seigneur est cependant parvenu à sortir du lot pour remettre de l’ordre dans tout ça, en battant ou trahissant tous ses adversaires et ex-alliés les uns après les autres : Ieyasu Tokugawa.
En 1600 à Sekigahara, Tokugawa s’apprête à donner le coup de grâce  à ses derniers opposants, mais la victoire n’est pas du tout certaine… C’est pourquoi il demande de l’aide à un farouche Seigneur ne se revendiquant d’aucune allégeance : notre Masamune Date. Tokugawa parvient à convaincre Date de l’aider grâce à l’appât du gain, avec quelque chose du genre : « Si tu m’aides, je ferai de toi l’un des Seigneurs les plus puissants de mon futur Japon. ».
Date vient donc en aide à Tokugawa, qui remporte en 1600 la bataille de Sekigahara et devient le maître suprême du Japon. Il fait de Tokyo ( qui s’appelait à ce temps-là Edo.) la nouvelle capitale du Japon, et instaure un régime qui va durer près de trois siècles.
Voilà pour la grande histoire, dont ne se préoccupe sûrement pas notre Masamune Date, plus intéressé par la promesse faite par Ieyasu Tokugawa. Suite à la victoire de Sekigahara, Tokugawa convoque donc Masamune Date, et lui tient ( sans doute) ce langage :

« -Masamune, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour toi. La bonne, c’est que comme promis je vais faire de toi un des plus puissants seigneurs de tout le Japon…
-Et la mauvaise ?
-La mauvaise, c’est que t’es muté dans le Nord…
-Le Nord ?Ah non, m’dis pas que tu m’envoies régner sur les terres de Fukushima !
-Non, un peu plus au Nord… 
-Quand même pas à Aizu-Wakamatsu ??
-Non, encore un peu plus au Nord…
-Où ça ?!
-A Sendai
-Sendai ?!

Masamune Date a bien dû se sentir berné par Tokugawa ce jour là. Il hérite certes d’un vaste domaine, mais dont les terres sont parmi les moins fertiles de tout le Japon… un cadeau tout pourri quoi, à une époque où la puissance d'un seigneur est déterminée par le nombre d'hectares de riz qu'il est capable de produire sur ses terres.
Sauf que l’histoire ne s’arrête pas là : Date va finalement parvenir à encaisser le choc de la trahison de Tokugawa pour prendre sa revanche d’une manière plutôt originale : Il va abandonner son sabre et son armure pour se reconvertir en une sorte de planificateur agricole et urbain. Après des années de dur labeur, le domaine de Sendai, véritable cadeau empoisonné, va effectivement devenir sous la coupe de Masamune Date l’un des plus riches de tout le Japon. Si bien qu’aujourd’hui Sendai est une métropole de plus d’un million d’habitants, et que sur l’île principale, il s’agit de la ville la plus importante au Nord de Tokyo.
Et maintenant, la vie de Masamune Date interprétée par la troupe itinérante des Date Boys :
Date, dans la fougue de sa jeunesse…

Date, après la trahison de Tokugawa, en mode « l’Empire contre-attaque »…
Sauf que Date ne se bat pas avec un sabre laser, mais en envoyant des tonnes de riz à Tokyo, juste pour prouver qu'il a bien réussi à faire de son terrain tout pourri une des régions les plus prospères du Japon... Comme le dit ( ou pas ) le célèbre proverbe japonais : " la vengeance est un plat qui se mange avec des baguettes."

La prochaine fois je vous parlerai un peu de mes premiers jours à Todai, avant de reprendre le récit de mon voyage à Sendai… Et sinon demain je vais aller m’enregistrer à la mairie d’arrondissement afin d’obtenir une belle carte de résident étranger, qui débloquera pas mal de trucs dans ma vie au Japon…

2 commentaires:

  1. Quelle chance de pouvoir faire du tourisme!
    Profites-en bien

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  2. OH PUTAIN ! Tu tiens une idée de scénario pour un film qui devrait cartoner...
    A la reflexion je crois que c'est déjà pris...
    La prochaine fois esaie d'aller encore plus loin au nord et de pêcher des idées pour un bouquin pourquoi pas...

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